- ACONITINE
- ACONITINEACONITINEL’aconit, renonculacée, se récolte, en France notamment, dans les régions marécageuses et en montagne. Pour extraire l’aconitine, la racine séchée et pulvérisée est épuisée par une solution alcoolique d’acide tartrique; on élimine l’alcool par distillation, on met le tartrate d’aconitine en solution dans l’eau, et on purifie très difficilement par les méthodes usuelles. Le produit obtenu cristallise sous forme de petits prismes à saveur piquante, fondant vers 200 0C. L’aconitine peut être lévogyre ou dextrogyre, suivant le solvant employé. Du point de vue analytique, elle présente des spectres ultraviolet et infrarouge très caractéristiques.De formule brute C34H4711N, l’aconitine est un alcaloïde extrait de la racine tubérisée de l’aconit napel (Aconitum napellus L.); c’est le principal alcaloïde de l’aconit officinal, puisqu’il en représente les neuf dixièmes. Très toxique, l’aconitine est inscrite au tableau A de la pharmacopée.Du point de vue chimique, sa structure est très complexe: c’est un alcaloïde-ester obtenu en estérifiant deux groupements hydroxyles de l’aconine par l’acide benzoïque et par l’acide acétique; c’est un acétylbenzoyl aconine.À l’état jeune, l’aconit peut se confondre avec certaines plantes alimentaires, comme le céleri et le pissenlit; cette plante est donc très dangereuse à cause de l’aconitine qu’elle contient: 12 grammes de racine ou 0,25 mg d’aconitine peuvent provoquer la mort d’un adulte par action sur le bulbe rachidien et sur les terminaisons nerveuses périphériques. On ne connaît pas d’antidote à ce poison.À doses non mortelles (0,05 mg), l’aconitine provoque un engourdissement de la muqueuse buccale et des brûlures de la muqueuse stomacale suivies de nausées et de vomissements. Par suite d’une telle toxicité, son utilisation thérapeutique est très restreinte. On l’emploie comme sédatif des névralgies faciales, des tics douloureux et de la toux (à faibles doses, elle agit sur l’enrouement des chanteurs). Dans tous les cas, elle doit être prescrite avec beaucoup de précautions.• 1834; de aconit♦ Pharm. Alcaloïde contenu dans la racine de l'aconit napel, utilisé comme analgésique.aconitinen. f. BIOCHIM Alcaloïde très toxique extrait des tubercules d'une renonculacée (Aconit napel) utilisé pour ses propriétés thérapeutiques.⇒ACONITINE, subst. fém.CHIM., PHARM. Principal alcaloïde très toxique, tiré notamment de l'aconit-napel et utilisé comme médicament :• 1. Tous ces aconits jouissent à des degrés différents des mêmes propriétés médicales et paraissent devoir ces dernières à un alcali : l'aconitine.DORVAULT, Officine, ou Répertoire général de pharmacie pratique, 1844, p. 135.• 2. M. Hep, le premier, a retiré de l'aconit napel, (...) un alcaloïde d'apparence cristalline, (...) auquel il a donné le nom d'aconitine.Ch.-A. WURTZ, Dict. de chimie pure et appliquée, t. 1, 1869-1878, p. 60.• 3. ... il redemanda des potions (...) et prit avec zèle des pilules de nitrate d'aconitine qui étaient alors dans leur claire nouveauté...A. FRANCE, Les Sept femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux, La Chemise, 1909, p. 179.• 4. ... le juge dépose sur la table un paquet minuscule, cacheté de rouge. Thérèse pourrait réciter la formule inscrite sur l'enveloppe et que l'homme déchiffre d'une voix coupante :Chloroforme :30 grammes.Aconitine granules :numéro 20.Digitaline sol. :20 grammes.F. MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, 1927, p. 179-180.• 5. C'est à ce moment-là que nous avons découvert, sur la table, près du lit, le flacon d'aconitine. (...). L'aconitine exerce d'abord une action vomitive et nous avons bien vu que Sénac avait vomi. La dose était si forte que, malgré les vomissements, elle a pu se trouver mortelle. Sur la table, près du flacon, se trouvait un bout de papier. Sénac avait écrit, toujours au crayon : « J'ai chipé l'aconitine chez M. Chalgrin, au début du mois de décembre, avant d'être renvoyé. » Un peu plus bas, il avait ajouté : « Je vais en boire la moitié, ce doit être suffisant. »G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, p. 263.• 6. L'Aconitum Napellus contient — surtout dans sa racine — un alcaloïde, l'aconitine, qui est analgésique et diaphorétique.Encyclopédie de la Pléiade, Botanique, 1960, p. 971.Rem. Pour les syntagmes usuels en pharmacol., cf. Compendium de pharmacie pratique (DESCHAMPS D'AVALLON, 1868) ou les Codex Medicamentarius Gallicus (1908) : azotate d'aconitine, nitrate d'-; pommade d'-; poudre officinale d'-; granules d'-; soluté alcoolique d'-; etc.Prononc. :[
].
Étymol. ET HIST. — 1840 chim. pharm. (LAND.).Dér. de aconit; suff. -ine.STAT. — Fréq. abs. litt. :10.BBG. — BÉL. 1957. — BOUILLET 1859. — CHESN. 1857. — Divin. 1964. — GRAND. 1962. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — PRIVAT-FOC. 1870. — REY-COTTEZ 1968, t. 36, p. 144.aconitine [akɔnitin] n. f.ÉTYM. 1840; de aconit.❖♦ Chim., pharm. Alcaloïde contenu dans la racine de l'aconit napel, utilisé comme analgésique et sédatif.➪ tableau Noms de remèdes.
Encyclopédie Universelle. 2012.